Dans TDAH

Journal d’une TDAH #3 : Adrien

Suite aux premiers billets de cette rubrique, vous avez été plusieurs à me demander de partager mon expérience sur le diagnostic TDAH de mon fils Adrien. Avant de commencer, je précise que l’on est tous différents et qu’il s’agit de notre histoire.
Adrien a besoin de bouger depuis qu’il est bébé. Il dormait très peu la journée. Il avait besoin de se dépenser, soit il bougeait, soit le monde autour de lui bougeait, jusqu’à ce qu’il s’endorme, sinon il pleurait. Je l’ai beaucoup porté dans le porte-bébé. À la fin de mon congé maternité, il est allé chez une nounou. Il se tenait assis, rampait, se déplaçait sans cesse, il a commencé à faire du 4 pattes avant ses 6 mois. Á huit mois, il est arrivé en crèche chez les moyens. Puis il se tient debout et marche rapidement. C’est un enfant très dynamique qui bouge beaucoup. Il est très réactif au monde qui l’entoure et exprime ses émotions, de façon très amplifiée parfois au regard de l’adulte.

Arrivé à la maternelle, j’ai passé trois ans à observer que mon fils n’avait pas d’atomes crochus avec le graphisme et qu’il avait besoin de mouvement. Trois ans à entendre :

-« Il est poli, gentil, serviable, mais il se lève, à du mal à tenir en place ».

Les premières années, son écart d’âge a eu bon dos. Etant de fin d’année, il était plus immature dans son comportement que les autres. Au CP, même chose, Adrien sait lire rapidement, apprécie les mathématiques et toutes les matières qui lui sont proposées à l’exception du graphisme. Et puis, il continue de bouger, fait le pitre. Il se fait recadrer gentiment, se maintient plus ou moins dans le cadre.
Au CE1, ça se complique, le graphisme devient problématique, Adrien est bon élève, mais tient mal ses cahiers. C’est difficile pour un enfant d’avoir un bonhomme rouge pas content à coté d’un 17/20. L’enfant ne voit pas que l’adulte veut lui montrer qu’il a confiance en lui pour mieux faire, il voit juste qu’avec un 17/20 la maîtresse n’est pas contente. C’est à cette période que j’ai la fameuse conversation et que je prends rendez-vous avec une psychomotricienne pour un bilan. Cette idée m’est soufflée par une copine dont le garçon avait des problèmes d’écriture aussi.

Adrien a commencé ses séances de psychomotricité dans le but de l’aider à améliorer son graphisme, à appréhender son besoin de bouger, afin de faciliter son apprentissage et sa vie en classe. Six mois plus tard,  il fait de nets progrès. Pourtant, sa difficulté à gérer ses émotions peuvent le mettre en échec social et le faire se sentir très mal. Par exemple, ne pas gagner à un jeux peut entraîner un jet de carte à la figure du gagnant. La notion d’hyperactivité est soulevée. J’ai voulu savoir pour lui.

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À Montpellier, pour les enfants, les consultations se font à St Eloi. La psychologue qui nous a reçu sur trois rendez-vous, nous a écouté ensemble, individuellement, s’est mise en relation avec la maîtresse et la psychomotricienne. Elle lui a ensuite fait passer des tests qui concernent les enfants HPI (Haut Potentiel Intellectuel) et TDAH (Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité). Adrien est TDAH (avec une tendance à l’hyperactivité).

À ce moment-là, on met un nom sur quelque chose qui est là depuis toujours. En tant que parent, Adrien est mon premier enfant. Je veux dire par là que je me suis laissée guider par lui, par sa demande d’être porté, de bouger. Il s’est très vite tenu assis et ne me posait aucune difficulté. Son mode de fonctionnement ne dérangeait pas le mien. Même si parfois il pouvait être fatiguant. C’est en devenant maman une seconde fois et en ayant des copines maman, que j’ai découvert qu’un bébé ça pouvait dormir deux heures le matin et autant l’après-midi. Adrien dormait environ vingt à quarante minutes matin et/ou après-midi. Autant vous dire que ma seconde m’est apparu plus reposante.

Cependant, jusqu’à ce qu’il arrive à l’école et qu’on veuille le faire entrer dans un cadre, pour Adrien tout allait bien. Le monde s’adapte à lui et vice-versa. Un enseignement Montessori eut été idéal.
C’est les maîtresses qui invitent les parents à consulter. Elles sont les premières à vouloir insuffler un cadre pédagogique dans la vie de l’enfant. Ces troubles étant génétiques, bien souvent un des deux parents se reconnaît chez l’enfant, du coup, il ne ressent pas la différence. Le père de mon fils s’est lui-même reconnu dans l’énoncé du diagnostic. Ce qui je pense lui a donné une nouvelle approche dans leur relation.
Pour Adrien, cela a été une expérience bénéfique. Car il a pu poser des mots sur des ressentis. Nommer ses ressentis, c’est pouvoir les appréhender. C’est d’ailleurs ce qu’il travaille avec sa psychomotricienne en plus du graphisme. Au bout d’un an, ses progrès sont énormes en matière de gestion des émotions et d’ouverture sur la parole. Il vient de lui-même s’est rassurant. Cela me permet de le voir grandir à travers son regard. L’école n’est pas un univers facile, il se construit tous les jours et parfois c’est dur. Adrien n’aime pas la violence, par exemple, à l’école, il y en a beaucoup.

Concernant l’après-diagnostic, on a décidé qu’il continuerait d’être suivi une fois par semaine par sa psychomotricienne. Son travail étant bénéfique pour Adrien, on ne fait rien de plus pour le moment. Au quotidien on désamorce plus facilement une colère ou un sentiment d’injustice. Le fait qu’Adrien ait ce moment pour lui le rassure et lui donne le sentiment d’être accompagné par une tierce personne, qui n’est pas papa ou maman.

Côté scolaire, le diagnostic a permis de lui aménager, selon les possibilités de la vie en classe, des moments pour se lever. La maîtresse a entendu qu’effectivement Adrien bougeait, qu’il avait des difficultés attentionnelles. Je ne suis pas en classe pour voir ce qui s’y passe. Lui, dit que ça n’a pas changé grand-chose que c’est juste lui qui a plus conscience de son fonctionnement.
C’est avec le temps que l’on verra si on réévalue le trouble d’Adrien, si celui-ci peut avoir besoin d’un traitement. Aujourd’hui cette problématique ne se pose pas, car il gère bien son environnement scolaire (il est bon élève) et a une vie sociale satisfaisante, c’est-à-dire qu’il a des copains, qu’il partage des jeux, que les autres enfants viennent vers lui.
Avec nous, on accepte qu’il bouge beaucoup, même si parfois c’est compliqué. Les repas à table sont parfois très animés et ponctués de « je voudrais que tu reviennes à table », la difficulté est qu’il entraîne sa sœur.

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Lors des examens, on m’a proposé de suivre la formation Barkley. Une formation qui s’adresse à tous les parents, elle est basée sur l’éducation positive. Le parent d’un enfant TDAH va y apprendre d’autant plus d’outils et comprendre pourquoi quand son enfant rentre à la maison il n’écoute plus. Certaines mamans, avec beaucoup d’amour, formule qu’a l’école leur loulou est au top : gentil, sage, discret, obéissant, mais qu’à la maison le petit ange devient un petit démon. Ce comportement s’explique par le fait que toute la journée l’enfant a pris sur lui pour faire ce qu’on attend de lui, le soir, il n’en peut plus, il a besoin d’extérioriser. Adrien est assez équitable dans son comportement à la maison et à l’école. Selon les jours, je sais très vite si mon fils s’est fait reprendre ou pas, si je vais avoir un mot ou pas. Pour l’instant, il arrive à gérer et cela nous convient, on verra dans l’avenir si les outils qu’il met en place l’aident suffisamment.

J’espère que cet article dithyrambique vous aidera, n’hésitez pas à me poser des questions en commentaires. Voici un guide qui peut s’avérer utile.

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